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2. Tous les plaisirs rendent-ils heureux ?

Sommaire

Définitions

Hédonisme

Ne pas confondre avec l’eudémonisme ! L’hédonisme est une doctrine philosophique qui fait de la recherche du plaisir (hédoné en grec) le but de l’existence et le moyen de vivre heureux.

Épicurisme

Doctrine d’Épicure (341-270 avant J.-C) et de ses disciples, en particulier Lucrèce (Ier siècle av. J.-C.). L’épicurisme repose sur une physique matérialiste selon laquelle il n’existe que du vide et des atomes dans l’univers (l’âme, ou esprit, est aussi composée d’atomes). Du point de vue moral, l’épicurisme est un hédonisme ascétique, c’est-à-dire une quête des plaisirs (hedonè) qu’on s’exerce (askesis) à sélectionner de façon modérée, sans excès.

Épicure, Lettre à Ménécée

Premier extrait

Il faut se rendre compte que parmi nos désirs les uns sont naturels, les autres vains et sans objet naturel, et que, parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires et les autres naturels seulement. Parmi les désirs nécessaires, les uns sont nécessaires pour le bonheur, les autres pour la tranquillité du corps, les autres pour la vie même. Et en effet une théorie non erronée des désirs doit rapporter tout choix et toute aversion à la santé du corps et à l’ataraxie (1) de l’âme, puisque c’est là le double but auquel aspire la vie. Car nous faisons tout afin d’éviter la douleur physique et le trouble de l’âme. Lorsqu’une fois nous y avons réussi toute l’agitation de l’âme tombe, l’animal n’ayant plus à s’acheminer vers quelque chose qui lui manque, ni à chercher autre chose pour parfaire le bien de l’âme et celui du corps. Nous n’avons en effet besoin du plaisir que quand, par suite de son absence, nous éprouvons de la douleur ; et quand nous n’éprouvons pas de douleur nous n’avons plus besoin du plaisir.
(1) Ataraxie = tranquillité ou absence de trouble de l’âme. Santé ou absence de douleur du corps = Aponie.
1. Faites une carte mentale pour schématiser comment se divisent les différents genres de désirs selon Épicure
2. Quel rapport y a-t-il entre nos désirs et le bonheur ?

Second extrait

C’est pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. En effet, d’une part, le plaisir est reconnu par nous comme le bien primitif et naturel, et c’est lui qui donne naissance à tout choix et à toute aversion ; d’autre part, c’est toujours à lui que nous aboutissons, puisque ce sont nos affections(1) qui nous servent de règle pour mesurer et apprécier tout bien quelconque si complexe qu’il soit. Mais, précisément parce que le plaisir est le bien primitif et naturel, nous ne recherchons pas tout plaisir, et il y a des cas où nous passons par-dessus beaucoup de plaisirs, savoir lorsqu’ils doivent avoir pour suite des peines qui les surpassent ; et, d’autre part, il y a des douleurs que nous estimons valoir mieux que des plaisirs, savoir lorsque, après avoir longtemps supporté les douleurs, il doit résulter de là pour nous un plaisir qui les surpasse.
(1) Affection : synonyme de sensation.
1. La thèse de cet extrait est que « le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse ». Qu’est-ce que cela signifie ?
2. Comment Épicure justifie-t-il qu’il ne faut pas rechercher le plaisir à tout prix ?

Troisième extrait

C’est un grand bien à notre avis que de se suffire à soi- même, non qu’il faille toujours vivre de peu, mais afin que si l’abondance nous manque, nous sachions nous contenter du peu que nous aurons, bien persuadés que ceux-là jouissent le plus vivement de l’opulence qui ont le moins besoin d’elle, et que tout ce qui est naturel est aisé à se procurer, tandis que ce qui ne répond pas à un désir naturel est malaisé à se procurer. En effet, des mets simples donnent un plaisir égal à celui d’un régime somptueux si toute la douleur causée par le besoin est supprimée, et, d’autre part, du pain d’orge et de l’eau procurent le plus vif plaisir à celui qui les porte à sa bouche après en avoir senti la privation. L’habitude d’une nourriture simple et non pas celle d’une nourriture luxueuse, convient donc pour donner la pleine santé, pour laisser à l’homme toute liberté de se consacrer aux devoirs nécessaires de la vie, pour nous disposer à mieux goûter les repas luxueux, lorsque nous les faisons après des intervalles de vie frugale, enfin pour nous mettre en état de ne pas craindre la mauvaise fortune. Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs des voluptueux inquiets, ni de ceux qui consistent dans les jouissances déréglées, ainsi que l’écrivent des gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens. Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble.
1. A l’aide de ce texte, expliquez ce que signifie l’expression « se suffire à soi- même »
2. Pourquoi le bonheur consiste-t-il en cela ?