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Introduction 2 :
Définition générale de la religion

Sommaire

Durkheim

« Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent. »

(Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse, 1912)

Le mot religion a deux étymologies latines possibles : relegere (relire, revoir avec soin, rassembler, considérer avec soin les choses sacrées) et religare (relier, établir un lien).
On peut définir la religion comme un double lien :

  1. Un lien vertical, du bas vers le haut, des hommes vers une divinité à laquelle ils croient, en général par l’intermédiaire d’une parole ou d’un livre qu’il faut lire et relire (relegere) pour s’imprégner de ses vérités. Les religions scindent le monde en deux : une dimension profane du monde, et une dimension sacrée.
  2. Un lien horizontal entre les hommes (religare) au sein d’une Église, qui permet une cohésion autour d’une croyance commune, de pratiques, de cérémonies, de rituels.

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Caractéristiques des religions

  • La distinction sacré / profane. Les religions divisent le monde en deux sphères : le sacré (domaine du religieux, du spirituel, du divin) et le profane (la vie ordinaire, quotidienne, matérielle, terrestre). Le sacré est accessible aux croyants par des rites, mais interdit à ceux qui n’ont pas la foi (“sacré” vient de l’adjectif latin sacer : ce qui ne peut être touché sans être souillé, ou sans souiller).
Selon Roger Caillois (L’Homme et le sacré, 1950) Le profane est « le monde où le fidèle vaque librement à ses occupations, exerce une activité sans conséquence pour son salut ». À cette dimension profane du monde s’oppose le sacré : « domaine où la crainte et l’espoir paralysent l’homme tour à tour », dans lequel « le moindre écart dans le moindre geste peut irrémédiablement le perdre ». Cette distinction sacré / profane se fait dès les origines préhistoriques de l’humanité, quand l’homme, il y a 100 000 ans, offre à ses morts des sépultures à ses semblables (distinguant la vie profane et terrestre d’un univers sacré, celui de la vie après la mort). Le sacré sépare mieux que d’autres caractéristiques l’homme des autres animaux (qui utilisent des outils, se différentient par leur culture, raisonnent, communiquent grâce à un langage) : aucun autre animal ne pratique des rites funéraires pour préparer la survie après la mort.
  • Des dogmes.
    • Définition générale : proposition théorique établie comme vérité indiscutable par l’autorité qui régit une certaine communauté.
    • Définition religieuse : point de doctrine contenu dans la révélation divine, auquel les membres de l’Église sont tenus d’adhérer. En général, les dogmes sont formulés dans les textes sacrés des religions (Bible hébraïque, Évangiles, Coran, etc.), et ils sont considérés comme des vérités révélées (qui viennent d’en haut, nous éclairent sans avoir été cherchées, démontrées, expérimentées).
  • La croyance en des miracles. Les religions opposent aux explications matérialistes et scientifiques de l’univers des explications surnaturelles et miraculeuses : cela peut être une explication divine de l’univers (Dieu à l’origine de tout, et qui peut intervenir dans le monde, par exemple en arrêtant la course du soleil [Bible, Josué, 10]), ou une explication magique (l’intervention de forces ou esprits dans la nature).
  • Une institution. Une religion s’organise au sein d’une communauté définie par des règles, une hiérarchie, des édifices (temples, églises, mosquées, etc.).
  • Des rites, cérémonies. Les rites et cérémonies sont des règles de conduite qui prescrivent comment l’homme doit se comporter avec les choses sacrées. Le rituel est un ensemble de pratiques qui mettent en scène les croyances religieuses (la messe ou toute autre cérémonie religieuse, les rites funéraires, les prières, etc.).

Différents types de religions

  • Monothéisme. Religions qui n’admettent l’existence que d’un seul Dieu (Par exemple, les trois grandes religions monothéistes : judaisme, christianisme, islam).
  • Polythéisme. Religions qui admettent l’existence de plusieurs dieux (Exemple : religions antiques d’Egypte, Grèce, Rome).
  • Panthéisme. Doctrine d’après laquelle tout est en Dieu, qui est identifié à la nature. Dans le panthéisme, le dieu créateur est le monde lui-même et toutes les composantes du monde possèdent une parcelle de divinité. La divinité serait une force impersonnelle présente partout dans le monde et en nous.
  • Animisme. Croyance qui attribue une âme aux animaux, aux phénomènes et aux objets naturels. Souvent, l’animisme se tourne vers les sorciers ou chamans pour apaiser les éléments ou deviner l’avenir. Exemple : les religions chamaniques, ou le shintoisme, religion officielle du Japon.
  • Syncrétisme. Doctrine philosophique ou religieuse qui tend à rassembler plusieurs religions différentes.

Différents rapports à la divinité et à la religion

  • Théisme. Croyance en un Dieu personnel et vivant. Le théisme pense pouvoir déterminer la nature de Dieu, lui attribuer un certaines qualités (bon, puissant, créateur du monde, etc.). Les principaux représentants du théisme sont les trois religions monothéistes.
  • Déisme. Doctrine qui reconnaît l’existence d’un Dieu, mais seulement tel que la raison ou le sentiment commun peuvent l’appréhender. Le déisme s’oppose donc aux religions instituées, à leurs dogmes et à leurs rites. Exemple : Voltaire se méfie des religions, mais il croit en un « Grand horloger » dont la raison comprend la nécessité : « Le monde est une horloge et cette horloge a besoin d’un horloger ».
Voulu par Robespierre pendant la Révolution, le culte de l’Être suprême se traduisait par une série de fêtes civiques destinées à réunir périodiquement les citoyens pour « refonder » la Cité autour d’un Dieu distinct de celui des religions traditionnelles. Soucieuse de promouvoir des valeurs sociales et abstraites comme la Fraternité ou le Bonheur, la foi républicaine trouvait dans le déisme des dogmes jugés compatibles avec les exigences de la raison.
  • Agnosticisme. Position selon laquelle l’esprit humain n’est pas capable de trancher la question de l’existence de Dieu, n’ayant aucun moyen d’apporter de preuve définitive dans un sens ou dans l’autre, et devant donc faire preuve de scepticisme à cet égard.
  • Athéisme. Thèse niant l’existence de toute divinité, quelle qu’elle soit, et affirmant que seule la réalité matérielle existe. Il faut distinguer dans l’athéisme :
    • Une réfutation de l'existence des dieux. Les athées ne croient pas en l’existence d’un principe immatériel et spirituel supérieur. En ce sens, certaines croyances sont athées, tel le bouddhisme, qui est une religion sans dieu.
    • Une critique sociale et politique des religions, qui seraient à combattre à cause de leurs conséquences négatives sur les êtres humains. Toute croyance en Dieu serait une « aliénation », une fuite devant la réalité, une manière de masquer le problème fondamental, qui n’est pas celui de l’existence de Dieu, mais de l’avenir de l’homme (Exemple, Karl Marx : « La religion est l’opium du peuple »).
  • Laïcité. Principe républicain de séparation entre l’Église et l’État : l’État ne peut pas intervenir dans les affaires religieuses d’une communauté de croyants, et, à l’inverse, les églises ne peuvent pas intervenir dans les affaires publiques. La laïcité à l’école consiste à séparer l’enseignement des croyances et pratiques religieuses (pas de port ostensible de signes religieux, pas d’interdits liés aux croyances religieuses, pas d’enseignement religieux à l’école tel le catéchisme).

Les trois fonctions principales des religions

Toute religion a une raison d’être, elle sert à quelque chose, elle poursuit un but. On peut dénombrer trois grandes fonctions de toute religion, qui seront développées dans la suite de la leçon

  • Fonction psychologique : rassurer
    • Psychologie : science qui étudie les phénomènes de l’esprit, les faits psychiques et mentaux, les comportements humains.
  • Fonction morale : assurer le bien
    • Morale : ensemble de principes de jugement, de règles de conduite relatives au bien et au mal, de devoirs, de valeurs.
  • Fonction métaphysique : expliquer
    • Métaphysique : branche de la philosophie qui étudie les réalités immatérielles, spirituelles qui échappent à l’expérience sensible et ne sont saisissables que par l’intellect (Dieu, l’être, l’esprit, l’âme, l’infini, etc.).

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