Corrigé du dialogue avec Derrida
– Jacques Derrida - Toute guerre est au fond une guerre de religion : à l’origine de tous les conflits, il y a des croyances religieuses incompatibles.
– Charles Marie de La Condamine (trope n°3 de la relativité) - Tout est question de point de vue. Vous voyez dans les guerres une seule cause, religieuse. Mais pour moi, la guerre menée par les Soviétiques en Afghanistan n’était pas religieuse, puisque l’URSS était un régime communiste et athée.
– Jacques Derrida - En êtes-vous certain ? Pendant cette guerre, des popes orthodoxes russes bénissaient des chars soviétiques !
– Charles Marie de La Condamine (trope n°1 du désaccord) - Nous ne sommes pas d’accord sur l’interprétation de ce fait. Bénir une arme ne fait pas d’une guerre une guerre de religion, c’est un choix des popes, pas de l’État russe.
– Jacques Derrida - Mais prenez l’attentat de Sarajevo qui a déclenché la guerre de 1914-1918. Il été commis par un Orthodoxe contre un Catholique. Là encore, deux religions qui s’opposent…
– Charles Marie de La Condamine (trope n° 2 de la régression à l’infini) - Peut-être, mais qu’y a-t-il à l’origine de cet attentat contre l’Archiduc d’Autriche ?
– Jacques Derrida - Selon les croyants, la Providence, le destin…
– Charles Marie de La Condamine - Et à l’origine de la Providence ?
– Jacques Derrida - Dieu…
– Charles Marie de La Condamine - Et à l’origine de Dieu ? Ah ah, vous voyez bien, on ne trouvera jamais la cause première des religions !
– Jacques Derrida - Je maintiens que les religions sont au cœur de tous les États. Voyez, les Allemands, pendant la seconde guerre mondiale, appelaient les communistes : “die rote Kapelle”, la “chapelle”. Le communisme est une idéologie religieuse !
– Charles Marie de La Condamine (trope n°4 du postulat ou pétition de principe) - Vous présupposez que tout État a une dimension religieuse. Dans ce cas, bien sûr, puisque la guerre se fait entre des États, elle aura forcément un aspect religieux. Mais vous ne prouvez pas avec votre exemple de la chapelle votre prémisse…
– Jacques Derrida - Et vous, vous ne m’avez pas convaincu, je reste certain que les guerres ont toutes une origine religieuse.
– Charles Marie de La Condamine (trope n°5 du diallèle) - Vous ne m’avez pas non plus convaincu. Votre raisonnement est circulaire : vous voulez démontrer que la religion cause les guerres, car, pour vous, toute guerre est d’origine religieuse.