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2. Obéissance et soumission : Sommes-nous soumis à la loi ?

Sommaire

Vidéo Annabac : Justice et droit

Obéissance et soumission

… ou désobéissance et insoumission

le Droit exerce une forme de contrainte (par la force coercitive de la police et la menace de sanctions pénales), mais sans que cela implique une vraie soumission.

  • Dans un régime démocratique, cette contrainte prend la forme d’une obligation morale : nous pouvons obéir ou désobéir à la loi, en sachant ce que nous risquons.
  • Dans un régime tyrannique (dictature), la violence et l’arbitraire, les risques de torture ou d’exécution soumettent les membres de la société, qui n’ont pas le choix entre obéir et désobéir.

Il y a donc deux manières de s’opposer à la loi, différentes selon que l’on vive dans un “État de droit” ou dans une dictature :

  • Dans une dictature, la seule manière de s’opposer à la loi est l’insoumission (une révolution, par exemple). Il s’agit de vaincre la contrainte en devenant plus fort que le pouvoir (ce renversement du rapport de force peut se faire par les armes mais aussi par la résistance non-violente, comme l’a théorisé et pratiqué Gandhi).
  • Dans une démocratie, une place à la contestation est donnée (grèves, manifestations). Et la désobéissance civile est une manière de s’opposer à des lois injustes lorsque les grèves et manifestations ne sont pas entendues.

Désobéissance civile

Vidéos : Qu’est-ce que la désobéissance civile ?

Comprendre la désobéissance civile à travers “Les Sentiers de la Gloire” (film de S. Kubrick)

Explication

QU’EST-CE QUE LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE ?

La désobéissance civile est le fait de désobéir publiquement à une loi, non pour renverser un gouvernement, mais pour tenter de l’obliger à changer cette loi. Cette désobéissance se fait au nom de la justice morale (le légitime), lorsqu’on considère que la loi (le légal), ne correspond pas aux principes moraux de la majorité des citoyens.

Le premier à avoir parlé de désobéissance civile est le philosophe David Thoreau. En 1846, il refuse de payer un impôt à l’État américain pour protester contre l’esclavagisme en vigueur dans le sud des États-Unis. Il passera une nuit en prison. Il théorise ensuite son geste dans son livre “La désobéissance civile”.

En France, en 1971, des femmes publient la “Manifeste des 343” dans lequel elles affirment publiquement avoir désobéi à la loi en avortant. Le but est de montrer que la loi française (qui interdisait alors l’avortement), est en contradiction avec la morale de la majorité des femmes, qui avortent clandestinement. C’est finalement une députée française (Simone Veil), en 1974, qui fait voter une loi légalisant l’avortement.

On peut donc conclure que l’obéissance implique la liberté : nous obéissons parce que nous avons la liberté de désobéir, et il y a donc une forme de volonté dans l’obéissance. À l’inverse, la soumission est une contrainte : nous nous soumettons parce que nous n’avons pas d’autre choix.

La désobéissance civile selon John Rawls

John Rawls, “De la désobéissance civile” (Théorie de la justice, 1971)
#1 - La désobéissance civile peut, tout d’abord, être définie comme un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener à un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. En agissant ainsi, on s’adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté et on déclare que, selon son opinion mûrement réfléchie, les principes de la coopération sociale entre des êtres libres et égaux ne sont pas actuellement respectés. (…)
#2 - La désobéissance civile est un acte politique, pas seulement au sens où elle vise la majorité qui a le pouvoir politique, mais parce qu’elle est guidée et justifiée par des principes politiques, c’est-à-dire par les principes de la justice qui gouvernent la constitution et, d’une manière générale, les institutions de la société. Pour justifier la désobéissance civile, on ne fait pas appel aux principes de la moralité personnelle ou à des doctrines religieuses, même s’ils peuvent coïncider avec les revendications et les soutenir; et il va sans dire que la désobéissance civile ne peut être fondée seulement sur des intérêts de groupe ou sur ceux d’un individu. Au contraire, on recourt à la conception commune de la justice qui sous-tend l’ordre politique. (…)
#3 - En outre, la désobéissance civile est un acte public. Non seulement elle fait appel à des principes publics, mais encore elle se manifeste publiquement. Elle s’exerce ouvertement avec un préavis raisonnable, elle n’est pas cachée ou secrète. On pourrait la comparer à un discours public et, étant un appel public, c’est-à-dire l’expression d’une conviction politique profonde et sincère, elle a lieu sur le forum public.
#4 - C’est pour cette raison parmi d’autres que la désobéissance civile est non violente. Elle essaie d’éviter l’usage de la violence, en particulier à l’égard des personnes, non qu’elle déteste l’usage de la force par principe, mais parce que celle-ci est l’expression ultime de ses revendications. Se livrer à des actes violents susceptibles de blesser et de faire du mal est incompatible avec la désobéissance civile comme appel public.
1. Définition de la désobéissance civile ? (#1)
2. (#2) La désobéissance civile est un acte politique, car…
3. (#3) La désobéissance civile est un acte public, car…
4. (#4)La désobéissance civile est un acte non-violent, car..
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Le manifeste des 343

Vidéo

Extrait du manifeste

Introduction du “Manifeste des 343” rédigé par Simone de Beauvoir (1971)
« Un million de femmes se font avorter chaque année en France.
Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.
On fait le silence sur ces millions de femmes.
Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté.
De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre. »
Question : En quoi ce manifeste illustre-t-il la définition de la désobéissance civile de John Rawls ?