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3. La fonction métaphysique des religions

Sommaire

Henri Bergson

Les Deux sources de la morale et de la religion (1932)

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Notions complémentaires : la nature, la conscience.
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Guide : Dans ce texte, Bergson (comme Critias) remonte le temps jusqu’aux origines de l’humanité pour comprendre l’apparition de la religion. Sa thèse (résumée dans la dernière phrase) est que la croyance religieuse est apparue pour guérir l’homme de la certitude de la mort. Cette affirmation est justifiée par des arguments et résout un problème (qui est, dans ce texte, un paradoxe).

Expliquez le texte en respectant les étapes suivantes :

  1. (&1) Quelle capacité apparaît avec l’homme et en quoi consiste-t-elle ?
  2. (&2) Décrire le processus mental qui mène l’homme à prendre conscience de sa mortalité.
  3. (&3) Formuler le problème de ce texte : Quelle est la conséquence de cette prise de conscience ? En quoi la conscience humaine de sa propre mortalité est-elle paradoxale ? (Montrer ici comment la nature, en permettant à l’homme de penser, se contredit elle-même)
  4. (&4) Comment la nature résout-elle la contradiction précédente ? La fin du texte distingue “idée” et “images”: expliquez cette distinction (aidez-vous des repères conceptuels Concept / Image), puis expliquez comment la nature permet à l’homme de résoudre son problème.
  • Concept : représentation mentale abstraite et générale. Exemple : l’idée de cercle.
  • Image : représentation perceptible et concrète. Exemple : le cercle dessiné au tableau.
Mais avec l’homme apparaît la réflexion, et par conséquent la faculté d’observer sans utilité immédiate, de comparer entre elles des observations provisoirement désintéressées, enfin d’induire et de généraliser.

Constatant que tout ce qui vit autour de lui finit par mourir, il est convaincu qu’il mourra lui-même. La nature, en le dotant d’intelligence, devait bon gré mal gré l’amener à cette conviction.

Mais cette conviction vient se mettre en travers du mouvement de la nature. Si l’élan de vie détourne tous les autres vivants de la représentation de la mort, la pensée de la mort doit ralentir chez l’homme le mouvement de la vie. Elle pourra plus tard s’encadrer dans une philosophie qui élèvera l’humanité au-dessus d’elle-même et lui donnera plus de force pour agir. Mais elle est d’abord déprimante, et elle le serait encore davantage si l’homme n’ignorait, certain qu’il est de mourir, la date où il mourra. L’événement a beau devoir se produire : comme on constate à chaque instant qu’il ne se produit pas, l’expérience négative continuellement répétée se condense en un doute à peine conscient qui atténue les effets de la certitude réfléchie. Il n’en est pas moins vrai que la certitude de mourir, surgissant avec la réflexion dans un monde d’êtres vivants qui était fait pour ne penser qu’à vivre, contrarie l’intention de la nature. Celle-ci va trébucher sur l’obstacle qu’elle se trouve avoir placé sur son propre chemin.

Mais elle se redresse aussitôt. À l’idée que la mort est inévitable elle oppose l’image d’une continuation de la vie après la mort ; cette image, lancée par elle dans le champ de l’intelligence où vient de s’installer l’idée, remet les choses en ordre ; la neutralisation de l’idée par l’image manifeste alors l’équilibre même de la nature, se retenant de glisser. Nous nous retrouvons donc devant le jeu tout particulier d’images et d’idées qui nous a paru caractériser la religion à ses origines. Envisagée de ce point de vue, la religion est une réaction défensive de la nature contre la représentation, par l’intelligence, de l’inévitabilité de la mort.

Karl Marx

Notion complémentaire : la justice.

  1. Première citation : expliquer ce que reproche Marx à la philosophie.
  2. Seconde citation : expliquer en quoi la religion est, selon Marx, « l’opium du peuple »
  3. A partir de ces deux citations, expliquez en quoi Marx critique la notion de transcendance.
  • Transcendant : ce qui appartient à un ordre de réalité radicalement supérieur, et n’est donc pas directement accessible. Exemple : Dans le théisme, Dieu est transcendant, il transcendent le monde.
  • Immanent : ce qui se confond avec le reste, ce qui appartient au même ordre de réalité. Exemple : Dans le panthéisme, Dieu est immanent au monde.
« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c’est de le transformer. »
Karl Marx, Thèses sur Feuerbach (1845)
« Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : L’homme fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l’homme qui, ou bien ne s’est pas encore trouvé, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme n’est pas un être abstrait, extérieur au monde réel. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, une conscience erronée du monde (…). La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple. Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. »
Karl Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel (1844)