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2. Le choix de l’illusion

Sommaire

La machine à illusions

ROBERT NOZICK, Anarchie, État et Utopie (1974)
Des questions embarrassantes non négligeables se posent aussi lorsque nous demandons ce qui compte en dehors de la façon dont les gens ressentent « de l’intérieur » leur propre expérience. Supposez qu’il existe une machine à expérience qui soit en mesure de vous faire vivre n’importe quelle expérience que vous souhaitez. Des neuropsychologues excellant dans la duperie pourraient stimuler votre cerveau de telle sorte que vous croiriez et sentiriez que vous êtes en train d’écrire un grand roman, de vous lier d’amitié, ou de lire un livre intéressant. Tout ce temps-là, vous seriez en train de flotter dans un réservoir, des électrodes fixées à votre crâne. Faudrait-il que vous branchiez cette machine à vie, établissant d’avance un programme des expériences de votre existence ? Si vous craignez de manquer quelque expérience désirable, on peut supposer que des entreprises commerciales ont fait des recherches approfondies sur la vie de nombreuses personnes. Vous pouvez faire votre choix dans leur grande bibliothèque ou dans leur menu d’expériences, choisissant les expériences de votre vie pour les deux ans à venir par exemple. Après l’écoulement de ces deux années, vous aurez dix minutes, ou dix heures, en dehors du réservoir pour choisir les expériences de vos deux prochaines années. Bien sûr, une fois dans le réservoir vous ne saurez pas que vous y êtes ; vous penserez que tout arrive véritablement. […] Vous brancheriez-vous ?
1. Expliquez ce que permet la machine de Nozick
2. Quel problème pose l’‘utilisation de cette machine à propos du bonheur et de la vérité ?
3. Vous brancheriez-vous à cette machine si elle existait ? Justifiez votre réponse.

Complément : vidéo sur la machine de Nozick

Travail facultatif évalué

Présenter à la classe deux extraits du film Matrix et expliquez en quoi ils illustrent le texte de Robert Nozick.

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Le bonheur de la vache

FRIEDRICH NIETZSCHE, Seconde considération intempestive (1874)
Contemple le troupeau qui passe devant toi en broutant. Il ne sait pas ce qu’était hier ni ce qu’est aujourd’hui : il court de-ci de-là, mange, se repose et se remet à courir, et ainsi du matin au soir, jour pour jour, quel que soit son plaisir ou son déplaisir. Attaché au piquet du moment il n’en témoigne ni mélancolie ni ennui. L’homme s’attriste de voir pareille chose, parce qu’il se rengorge devant la bête et qu’il est pourtant jaloux du bonheur de celle-ci. Car c’est là ce qu’il veut : n’éprouver, comme la bête, ni dégoût ni souffrance, et pourtant il le veut autrement, parce qu’il ne peut pas vouloir comme la bête. Il arriva peut-être un jour à l’homme de demander à la bête : “Pourquoi ne parles-tu pas de ton bonheur et pourquoi ne fais-tu que me regarder ?”. Et la bête voulut répondre et dire : ”Cela vient de ce que j’oublie chaque fois ce que j’ai l’intention de répondre”. Or, tandis qu’elle préparait cette réponse, elle l’avait déjà oubliée et se tut, en sorte que l’homme s’en étonna.
1. Que signifie la métaphore « Attaché au piquet du moment » (l. 3) ?
2. En quoi consiste le bonheur de la vache ?
3. Pourquoi l’humain est-il incapable d’accéder à ce bonheur ?

Complément : Qu’est-ce que le temps ?

→ Ouvrir la carte mentale sur le temps

Travail facultatif évalué

Écrire un dialogue à propos du bonheur entre un humain et une vache (qui parle).

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