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Conclusion : Peut-on ou non désobéir à la loi ?

Sommaire

Le refus de la désobéissance

Si les morales sont relatives (aux époques, aux sociétés et cultures), alors il n’y a pas de raison de désobéir au Droit, qui s’impose à tous les membres de la société. De plus, l’obéissance au lois permet l’ordre social.

  • Argument n°1 : au nom de quelle loi morale pourrait-on désobéir, si cette loi morale n’est pas celle de tout le monde, si elle n’a pas une visée universelle ? La morale est individuelle, elle dépend de la conscience de chacun, alors que le Droit est collectif et protège tout le monde, faibles et forts, pauvres et riches.
  • Argument n°2 : désobéir rompt notre contrat avec l’autorité politique : l’État nous protège, et nous lui obéissons en retour. Si nous désobéissons, nous détruisons les fondements de notre société.

Cette attitude est défendue par Socrate dans le “Criton” (Paton), dans la “prosopopée des lois” : même si Socrate sait qu’il a été condamné injustement à mort, il refuse de désobéir à la sentence en s’évadant de prison, parce qu’il considère que la loi de la Cité est au-dessus des citoyens. La légalité est alors toujours supérieure à la légitimité.

Alain : résister tout en obéissant

Alain, Propos d’un Normand (1912)
Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l’obéissance il assure l’ordre ; par la résistance il assure la liberté. (…) Obéir en résistant, c’est tout le secret. Ce qui détruit l’obéissance est anarchie ; ce qui détruit la résistance est tyrannie. Ces deux maux s’appellent, car la tyrannie employant la force contre les opinions, les opinions, en retour, emploient la force contre la tyrannie ; et, inversement, quand la résistance devient désobéissance, les pouvoirs ont beau jeu pour écraser la résistance, et ainsi deviennent tyranniques. Dès qu’un pouvoir use de force pour tuer la critique, il est tyrannique. Voilà d’après quoi un citoyen raisonnable peut d’abord orienter ses réflexions.
1. Quelle est la différence entre “résister” et “désobéir” ?
2. Pourquoi, selon Alain, faut-il obéir tout en résistant ?

Le choix de la désobéissance

Mais à l’inverse, on peut remarquer que le Droit est relatif (les lois ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre : par exemple, certains légalisent l’avortement, pas d’autres). Si l’on considère qu’au contraire il existe des lois morales universelles, alors, on peut décider de désobéir au nom de la morale. De plus, dans une démocratie, le doit à la désobéissance doit être respecté.

  • Argument n°1 : la morale est supérieure au Droit, car elle vise à établir des valeurs universelles, alors que la loi est relative aux sociétés. Un citoyen doit observer de manière libre et consciente les lois de son pays, et les refuser au nom de sa conscience morale si elles sont mauvaises
  • Argument n°2 : dans une démocratie, l’autorité n’a pas tous les droits et elle ne peut pas aller contre les grands principes de justice. Les citoyens ont le droit de désobéir au nom de ces principes.

C’est la position défendue par Antigone, personnage de la tragédie de Sophocle. Elle désobéit à un décret de Créon (roi de la Cité de Thèbes), qui a ordonné de jeter le corps mort du frère d’Antigone en dehors des murs de la Cité, sans lui donner de sépulture, parce qu’il a trahi la Cité. Antigone désobéit (elle enterre le corps de son frère) au nom d’une loi morale qu’elle pense être universelle : tout le monde a le droit à être traité dignement après sa mort, quoi qu’il ait fait. La légitimité parfois ici supérieure à la légalité.

Antigone

Sophocle, Antigone (441 av. J.-C.)
Créon – Et tu as osé passer outre à mes lois?
Antigone – Oui, car ce n’est pas Zeus qui les a proclamées, et la Justice qui siège auprès des dieux de sous terre n’en a point tracé de telles parmi les hommes. Je ne croyais pas, certes, que tes édits eussent tant de pouvoir qu’ils permissent à un mortel de violer les lois divines: lois non écrites, celles-là, mais infaillibles. Ce n’est pas d’aujourd’hui ni d’hier, c’est de toujours qu’elles sont en vigueur, et personne ne les a vues naître. Leur désobéir, n’était-ce point, par un lâche respect pour l’autorité d’un homme, encourir la rigueur divine? Je savais bien que je mourrais; c’était inévitable - et même sans ton édit! Si je péris avant le temps, je regarde la mort comme un bonheur. Quand on vit au milieu des maux, comment ne gagnerait-on pas à mourir? Non, le sort qui m’attend n’a rien qui m’afflige. Si j’avais dû laisser sans sépulture un corps que ma mère a mis au monde, alors j’aurais souffert; mais ce qui m’arrive m’est égal. Tu estimes, n’est-ce pas, que j’ai agi comme une folle? J’en dirais autant de toi
Quels sont les arguments d’Antigone pour désobéir aux ordres du roi Créon ?


Activité

Pour des raisons d’hygiène et de respect des différences entre les hommes et les femmes, votre pays (une démocratie) vote une loi qui oblige à couper les cheveux de tous les hommes et impose une longueur de 5 mm maximum. Camille défend l’idée qu’il faut obéir à cette loi, tandis qu’Alix défend l’idée qu’il faut y désobéir. Développez les arguments des deux personnages.

Camille Alix