Qu’est-ce qu’une question philosophique ?

Sommaire

Texte de T. Nagel
Complément n°1 : les différentes sciences
Complément n°2 : la raison, instrument de la philosophie

Texte de T. Nagel

Thomas Nagel : Qu’est-ce qu’une question philosophique ?
La philosophie se distingue des sciences et des mathématiques. À la différence des sciences, elle ne repose pas sur l’expérimentation ou l’observation, mais seulement sur la pensée. Et, à la différence des mathématiques, elle ne s’appuie sur aucune méthode de démonstration formelle. On la pratique en ne faisant rien d’autre que questionner, argumenter, mettre les idées à l’épreuve, concevoir de bons arguments contre celles-ci et se demander comment nos concepts fonctionnent vraiment. La préoccupation principale de la philosophie, c’est de questionner et de comprendre des idées tout à fait courantes, que nous utilisons quotidiennement sans trop y réfléchir. Un historien se posera des questions sur ce qui a eu lieu à un certain moment dans le passé, alors qu’un philosophe demandera : “Qu’est-ce que le temps” Un mathématicien étudiera les relations entre les nombres, alors qu’un philosophe demandera : “Qu’est-ce qu’un nombre ?” Un physicien cherchera à savoir de quoi sont faits les atomes ou ce qui explique la gravité, alors qu’un philosophe demandera : “Comment pouvons-nous savoir qu’il y a quoi que ce soit à l’extérieur de nos propres esprits ?” Un psychologue cherchera à savoir comment les enfants apprennent un langage, alors qu’un philosophe demandera : “Qu’est-ce qui fait qu’un mot peut signifier quelque chose ?” N’importe qui peut se demander si c’est mal de se faufiler sans payer dans une salle de cinéma, mais un philosophe demandera : “Qu’est-ce qui rend une action bonne ou mauvaise ?”.
Thomas Nagel, Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Une très brève introduction à la philosophie

Thomas Nagel : Qu’est-ce qu’une question philosophique ?

La philosophie se distingue des sciences et des mathématiques. À la différence des sciences, elle ne repose pas sur l’expérimentation ou l’observation, mais seulement sur la pensée. Et, à la différence des mathématiques, elle ne s’appuie sur aucune méthode de démonstration formelle. On la pratique en ne faisant rien d’autre que questionner, argumenter, mettre les idées à l’épreuve, concevoir de bons arguments contre celles-ci et se demander comment nos concepts fonctionnent vraiment.

La préoccupation principale de la philosophie, c’est de questionner et de comprendre des idées tout à fait courantes, que nous utilisons quotidiennement sans trop y réfléchir. Un historien se posera des questions sur ce qui a eu lieu à un certain moment dans le passé, alors qu’un philosophe demandera : “Qu’est-ce que le temps” Un mathématicien étudiera les relations entre les nombres, alors qu’un philosophe demandera : “Qu’est-ce qu’un nombre ?” Un physicien cherchera à savoir de quoi sont faits les atomes ou ce qui explique la gravité, alors qu’un philosophe demandera : “Comment pouvons-nous savoir qu’il y a quoi que ce soit à l’extérieur de nos propres esprits ?” Un psychologue cherchera à savoir comment les enfants apprennent un langage, alors qu’un philosophe demandera : “Qu’est-ce qui fait qu’un mot peut signifier quelque chose ?” N’importe qui peut se demander si c’est mal de se faufiler sans payer dans une salle de cinéma, mais un philosophe demandera : “Qu’est-ce qui rend une action bonne ou mauvaise ?”.

Thomas Nagel, Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Une très brève introduction à la philosophie

QUESTIONS

[1er paragraphe] Qu’est-ce qui différencie les sciences des mathématiques ? Quelles disciplines mettriez- vous dans ce que Thomas Nagel appelle les “sciences” ?

[1er paragraphe] Qu’est-ce qui différencie la philosophie des sciences et des mathématiques ?

[1er paragraphe] En quoi consiste la « pratique » philosophique ? Citez le passage qui répond à cette question et expliquez-le en détail.

[2e paragraphe] Pour chaque question philosophique, formulez une question non-philosophique.

Choisissez l’une des questions philosophiques du texte et analysez-la rapidement : qu’est-ce qui vous semble intéressant dans cette question ?

Qu’est-ce qui distingue les questions philosophiques des questions des autres disciplines ?

Lesquelles, parmi ces questions, sont des questions philosophiques ? A quels domaines appartiennent les autres ? Questions :

Où ai-je mis mes clés ?

Comment calculer la circonférence d’un cercle ?

Qu’est-ce qu’un trou noir ?

Qu’est-ce que la vérité ?

Pourquoi Dieu a-t-il chassé Adam et Ève du jardin d’Éden ?

Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

Pourquoi les Allemands ont-ils trahi leur alliance avec l’Union Soviétique en 1941 ? 8. L’instauration d’un Revenu Universel pourrait-elle régler le problème du chômage ? 9. Peut-on désobéir à une loi injuste ?

Complément n°1 : les différentes sciences

→ Ouvrir la carte mentale sur les sciences

Complément n°2 : la raison, instrument de la philosophie

Définition de la raison

Qu’est-ce que la raison ?

Etymologie latine : ratio (calcul)

Etymologie grecque : logos (parole, raison), qui a donné le mot “logique”

La raison est la faculté (capacité) humaine qui permet de “juger” : c’est-à-dire affirmer, évaluer, calculer (ratio en latin), penser et dire des choses à propos du monde, du réel. Par exemple, je “juge” que je suis actuellement en classe de philosophie. La raison permet donc à l’esprit humain d’organiser ses relations avec le réel, de mettre en rapport son logos (parole, raison) avec le cosmos (le monde).

C’est, pour Aristote, la faculté qui distingue l’être humain des autres animaux. Il définit l’homme comme zoon logikon (« animal rationnel »). L’animal est notre genre, et la raison est ce qui fait de nous une espèce différente des autres. Nous retrouvons cette définition dans notre dénomination biologique : homo sapiens (homo = notre genre : les hominidés / sapiens (sagesse, savoir) = notre différence).

Les trois dimensions de la raison : interroger, définir, répondre

On la pratique [la philosophie] en ne faisant rien d’autre que questionner, argumenter, mettre les idées à l’épreuve, concevoir de bons arguments contre celles-ci et se demander comment nos concepts fonctionnent vraiment. (Thomas Nagel)

Quel est l’usage de la raison dans la philosophie ?

Thomas Nagel donne 3 dimensions de la pratique philosophique, chacune étant un usage de la raison :

“Questionner” : s’interroger sur notre rapport au monde, poser des problèmes (par exemple : “Qu’est-ce qui rend une action bonne ou mauvaise ?”, ou : “Comment pouvons-nous savoir qu’il y a quoi que ce soit à l’extérieur de nos propres esprits ?”)

“Argumenter” : apporter des réponses à ces questions et les justifier à l’aide d’arguments.

Créer des “concepts” qui permettent de mieux comprendre le monde (par exemple : le bien et le mal, ou l’esprit et le réel, le moi et le monde)

La raison est donc ce qui nous permet de :

Nous interroger sur le monde

Penser et dire des choses sur le monde

Classer les choses du monde dans des catégories

Remarque : ces trois dimensions de la raison philosophiques sont aussi les trois attendus à l’examen de philosophie au bac :

Problématiser : douter, interroger

Argumenter : justifier ses positions, ses réponses

Conceptualiser : utiliser des concepts, des idées précises qui permettent de mieux comprendre le monde

Les grandes questions philosophiques

Quelles sont les grandes questions de la philosophie ?

Emmanuel Kant, philosophe allemand (1724 - 1804), définit le champ des grandes questions philosopiques ainsi :

« Le domaine de la philosophie se ramène aux questions suivantes : 1 - Que puis-je savoir ? 2 - Que dois-je faire ? 3 - Que m’est-il permis d’espérer ? 4 - Qu’est-ce que l’homme ? À la première question répond la métaphysique, à la seconde la morale, à la troisième la religion, à la quatrième l’anthropologie.

La raison humaine, à travers la philosophie, tente donc principalement de comprendre l’être humain (anthropologie), à travers ses trois grandes interrogations : métahysiques, morales et religieuses.