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3. Qu’est-ce qu’une vérité scientifique ?

Sommaire

3.1. Le procès du singe : évolutionnisme vs créationnisme

En 1925, l’État du Tennessee et d’autres États très religieux du sud-ouest des États-Unis interdisent l’enseignement de toute théorie « qui nie l’histoire de la création divine de l’homme, telle qu’elle est enseignée dans la Bible, et qui prétend que l’homme descend d’un ordre inférieur d’animaux » (Butler Act, 1925).
À Dayton (Tennessee), l’enseignant John Thomas Scopes continue d’enseigner, malgré la loi, la théorie de Darwin. Son procès, qui s’est tenu du 10 au 21 juillet 1925, est resté célèbre sous le nom de « procès du singe », Le Butler Act restera en vigueur jusqu’en 1967.

Le film “Procès de singe” (Inherit the Wind, S. Kramer, 1960) s’inspire de l’histoire réelle de John Thomas Scopes.

Bert Cates, un jeune professeur de Hillsboro, Tennesse, est arrêté par les notables de sa ville, en 1925, pour avoir donné des cours sur les théories évolutionnistes de Darwin à ses élèves. Matthew Harrison Brady, un avocat et homme politique, ancien candidat aux élections présidentielles, représente l’accusation. Henry Drummond (Spencer Tracy), l’un des plus brillants avocats du pays, va défendre le jeune professeur.

Activité

EXERCICE

Voir les deux extraits du film “Procès de singe” et lire les textes extraits de la Bible et d’ouvrages de Darwin, puis répondre aux questions suivantes :

  1. Qu’est-ce qui oppose les réponses créationniste et évolutionniste à la question de l’origine de l’humanité ?
  2. En quoi les arguments religieux et scientifiques se distinguent-ils ?
  3. Pensez-vous que l’enseignement de la biologie et celui du catéchisme ont la même valeur et sont concurrents sur la question de l’origine de l’humain ?

Extraits du film

Textes

Le créationnisme dans la Bible
Bible, Genèse, 1
24 - Dieu dit: Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi.
25 - Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
26 - Puis Dieu dit: Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.
Bible, Genèse, 2
7 - L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant.
8 Puis l’Éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait formé.
[…]
18 - L’Éternel Dieu dit: Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui.
19 - L’Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l’homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l’homme.
L’évolutionnisme chez Darwin
L’Origine des espèces, 1859
Je suis pleinement convaincu que les espèces ne sont pas immuables; je suis convaincu que les espèces qui appartiennent à ce que nous appelons le même genre descendent directement de quelque autre espèce ordinairement éteinte […] ; je suis convaincu, enfin, que la sélection naturelle a joué le rôle principal dans la modification des espèces, bien que d’autres agents y aient aussi participé.
La Filiation de l’homme et la sélection liée au sexe, 1877
Celui qui ne se contente pas de regarder, tel un sauvage, les phénomènes de la nature comme s’ils étaient exempts de tout lien de cohérence ne peut plus croire que l’homme soit l’œuvre d’un acte séparé de création. Il sera forcé d’admettre que l’étroite ressemblance de l’embryon de l’homme avec celui, par exemple, d’un chien – la construction de son crâne, de ses membres et de son ossature suivant le même plan que celui des autres mammifères [..] et une foule de faits analogues – tout cela conduit de la
manière la plus évidente à la conclusion que l’homme est avec d’autres mammifères le co-descendant d’un ancêtre commun.

3.2. Crédo religieux et théorie scientifique

Bertrand Russell, Religion et science (1935)
Un credo religieux diffère d’une théorie scientifique en ce qu’il prétend exprimer la vérité éternelle et absolument certaine, tandis que la science garde un caractère provisoire : elle s’attend à ce que des modifications de ses théories actuelles deviennent tôt ou tard nécessaires, et se rend compte que sa méthode est logiquement incapable d’arriver à une démonstration complète et définitive. Mais, dans une science évoluée, les changements nécessaires ne servent généralement qu’à obtenir une exactitude légèrement plus grande ; les vieilles théories restent utilisables quand il s’agit d’approximations grossières, mais ne suffisent plus quand une observation plus minutieuse devient possible. En outre, les inventions techniques issues des vieilles théories continuent à témoigner que celles-ci possédaient un certain degré de vérité pratique, si l’on peut dire. La science nous incite donc à abandonner la recherche de la vérité absolue, et à y substituer ce qu’on peut appeler la vérité « technique », qui est le propre de toute théorie permettant de faire des inventions ou de prévoir l’avenir. La vérité « technique » est une affaire de degré : une théorie est d’autant plus vraie qu’elle donne naissance à un plus grand nombre d’inventions utiles et de prévisions exactes. La « connaissance » cesse d’être un miroir mental de l’univers, pour devenir un simple instrument à manipuler la matière.
1. (Partie du texte en gras) Expliquez la différence établie par Russell entre “crédo religieux” et “théorie scientifique”.
2. (Partie du texte en italiques) Pourquoi les vérités scientifiques sont-elles des “vérités techniques” ?
3. (Tout le texte) Quel sont les buts de la religion et de la science ?

3.3. Peut-on prouver définitivement une vérité scientifique ?

Karl Popper : le falsificationnisme
Le progrès de la science consiste en essais, en élimination des erreurs, et en de nouveaux essais guidés par l’expérience acquise au cours des essais et erreurs précédents. Aucune théorie particulière ne peut jamais être considérée comme absolument certaine : toute théorie peut devenir problématique, si bien corroborée qu’elle puisse paraître aujourd’hui. Aucune théorie scientifique n’est sacro-sainte ni au-dessus de toute critique (…) C’est la tâche du scientifique que de continuer toujours de soumettre sa théorie à de nouveaux tests, et que l’on ne doit jamais déclarer qu’une théorie est définitive. Tester consiste à choisir la théorie à tester, à la combiner avec tous les types possibles de conditions initiales comme avec d’autres théories, et à comparer alors les prédictions qui en résultent avec la réalité. Si ceci conduit au désaveu de nos attentes, à des réfutations, il nous faut alors rebâtir notre théorie.
Le désaveu de certaines de nos attentes, à l’aide desquelles nous avons une fois déjà passionnément tenté d’approcher la réalité, joue un rôle capital dans cette procédure. On peut le comparer à l’expérience d’un aveugle qui touche, ou heurte un obstacle, et prend ainsi conscience de son existence. C’est à travers la falsification (1) de nos suppositions que nous entrons en contact effectif avec la « réalité ». La découverte et l’élimination de nos erreurs sont le seul moyen de constituer cette expérience « positive » que nous retirons de la réalité.
(1) réfutation
Karl Popper, La connaissance objective (1972)
La connaissance scientifique progresse grâce à des anticipations non justifiées (et impossibles à justifier) : elle devine, elle essaie des solutions, elle forme des conjectures. Celles-ci sont soumises au contrôle de la critique, c’est-à-dire des tentatives de réfutation qui comportent des tests d’une capacité critique élevée. Elles peuvent survivre à ces tests mais ne sauraient être justifiées de manière positive : il n’est pas possible d’établir avec certitude qu’elles sont vraies, ni même qu’elles sont « probables ».
Karl Popper, Conjectures et réfutations (1963)
1. Est-ce que pour Karl Popper les savants prouvent définitivement leurs théories ? Justifiez votre réponse à l’aide du texte.
2. Comment définiriez-vous le “falsificationnisme” ?

Complément 1 – La Philo En Petits Morceaux : Scientifique ou pas ?

Complément 2 - Dossier sur le falsificationnisme chez Popper